Christian Marti nous a transporté dans des décors aussi éblouissants que bouleversants. De la maison niçoise, au Parlement européen, jusqu’aux camps de concentration et d’extermination, tous ces lieux qui ont marqué l’histoire de Simone Veil ont été reproduits quasiment à l’identique. Lui et Oliver Dahan, le réalisateur, n’ont pas hésité à tourner à Budapest, dans des décors effrayants de réalisme qui plonge les spectateurs avec une grande émotion au sein des camps de concentration allemands, où ont régné les pires atrocités commises par l’Humanité. Dans les studios hongrois, les camps d’Auschwitz et de Bergen-Belsen ont été totalement reconstitués. Un univers tellement véridique que toute l’équipe du tournage en a été émue. Elodie Bouchez, interprétant la mère de Simone, raconte qu’ils alternaient entre euphorie profonde et tristesse : « Parfois, on voyait le perchman pleurer. Il y avait toujours, dans la journée, des gens qui pleuraient. C’était chargé émotionnellement. Mais on savait que ça serait dur. En même temps, c’était assez cathartique ». Pour Rebecca Marder, interprétant la jeune Simone, le tournage n’était pas éprouvant en lui-même mais « l’idée de mettre en scène l’inimaginable ébranle totalement. »
Quant à la costumière Gigi Lepage, elle doit son prix grâce à son travail pointilleux sur les costumes concédés aux acteurs et figurants et notamment à la maîtrise de son étroite collaboration avec Chanel qui a accompagné la production du film pour créer la garde-robe de Simone Veil.
Tant d’indémodables de Chanel, reproduits spécialement pour le film, ont été aperçus sur l’actrice Elsa Zylberstein qui incarne Simone Veil. On y retrouve un tailleur en crêpe de soie gris et blanc de la collection Haute Couture Automne-Hiver 1978/79, un manteau en tweed rouge à boutons dorés ou encore un ensemble chemisier et jupe en tweed bleu canard qui ont participé au rayonnement de l’actrice dans le film.
Il était important pour Olivier Dahan de reproduire le tailleur Chanel en toute pièce comme la parure essentielle de Simone Veil dans ses combats pour la liberté et la tolérance.
En réalité, ses costumes Chanel la suivront tout le long de son mandat de ministre de la Santé entre 1974 et 1979, le 26 novembre 1974, lors de la défense au Parlement du texte sur la légalisation de l’avortement, ou encore lors de son élection à la présidentielle au Parlement européen à Strasbourg le 17 juin 1979.
En plus de la garde-robe d’Elsa Zylberstein, Gigi Lepage a soigné les tenues de Rebecca Marder créant de toute pièce, par exemple, sa robe de mariée, qui lui ferait presque voler la vedette à l’actrice principale. Enfin, elle a mis du cœur à habiller le plus fidèlement possible tout l’entourage de Simone Veil ainsi que chacun des acteurs qui figuraient à l’écran, de l’enfant déporté dans les camps au parlementaire soigné. Elle souligne d’ailleurs, en cette 48ème cérémonie des César, avoir travaillé de manière acharnée pendant un an aux côtés de son mari, son plus fidèle partenaire au travail.